You are currently viewing Politique de gauche: Le BTP, une (r)évolution permanente
Actualites francaise Le pape au Kazakhstan pour promouvoir le dialogue

Politique de gauche: Le BTP, une (r)évolution permanente

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Europe:
Actualites-francaise-Le-pape-au-Kazakhstan-pour-promouvoir-le-dialogue

Nouvelles exigences écologiques, nouveaux modes de travail, nouveaux matériaux… Le secteur du bâtiment et des travaux publics évolue en même temps que les attentes de la société en révolutionnant toutes ses méthodes et tous ses outils. Voici un aperçu des efforts déployés par ce secteur en pleine mutation.

Par Christophe Frapelet

Loin de l’image d’un secteur statique, le BTP redouble d’inventivité pour répondre aux nouvelles exigences du XXIe siècle et se prémunir contre la complexité croissante des chantiers.

Pour répondre à ces nouveaux enjeux, les acteurs du secteur ont développé de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de travail. Multiplication des savoir-faire et des métiers, pratique croissante de la co-activité, recours aux groupements d’entreprises… Ces bouleversements sont nécessaires à la fois pour réduire les coûts et les délais, mais aussi comme moyen d’intégrer les nouvelles normes RSE dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Le secteur de la construction fait également des efforts considérables pour répondre aux questions environnementales et sociales. Protection de la biodiversité, utilisation de nouveaux matériaux moins polluants, réduction des nuisances pour les riverains… Les acteurs du secteur s’engagent par tous les moyens à réduire leur impact sur le climat et le vivant.

Le béton, au cœur de toutes les préoccupations

Le béton, utilisé dans tous les bâtiments modernes, est l’un des principaux leviers de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur de la construction. A l’échelle mondiale, le béton est à lui seul responsable de 7% des émissions de GES ! La faute en revient plus précisément à un composant utilisé dans la fabrication du ciment : le clinker. En s’échauffant, il se « décarbonate », libérant de grandes quantités de GES. Environ 800 kg de CO2 sont émis pour chaque tonne de ciment produite.
De nombreuses entreprises, comme LafargeHolcim, Cemex ou Calcia, proposent des formules de béton « bas carbone », dans lesquelles la proportion de clinker est plus faible. « Ces gammes spécifiques garantissent les mêmes qualités (résistance, dureté…) qu’un béton classique. Mais la part du clinker est réduite et remplacée par d’autres ressources disponibles dans les régions, comme le laitier de haut-fourneau ou les cendres volantes des centrales thermiques », explique Florent Dubois, responsable construction chez LafargeHolcim.
La startup française Hoffmann Green Cement Technologies va cependant encore plus loin en proposant un ciment fabriqué sans cuisson ni clinker. Cette formule est tellement révolutionnaire qu’elle a attiré l’attention de plusieurs grandes entreprises françaises du BTP, dont Demathieu Bard, Eiffage et Nivet, qui ont déjà rempli le carnet de commandes de la start-up vendéenne. Eiffage a annoncé vouloir utiliser ce ciment ultra-bas carbone pour la construction des Ateliers Gaité à Montparnasse à Paris. Le groupe Nivet, pour sa part, souhaite utiliser le ciment produit par Hoffmann Green pour le marché du béton prêt à l’emploi.
Enfin, de plus en plus de constructeurs mettent également en avant la notion de « mix matière », qui consiste à utiliser en priorité des matériaux recyclés ou biosourcés. La nouvelle réglementation du bâtiment « RE2020 », entrée en vigueur en janvier 2022, favorise spécifiquement ces matériaux qui stockent le carbone au lieu d’en émettre, comme le bois. Exemple emblématique de la mixité des matériaux, la Tour Hypérion, réalisée à Bordeaux par Eiffage, a été construite avec un noyau en béton et des planchers en bois massif. Le constructeur estime que l’utilisation de bois massif a permis de réduire de 25 % les émissions de CO2 du chantier. Achevée en 2021, la construction de la tour Hypérion est l’un des nombreux exemples de la façon dont l’industrie de la construction n’a pas attendu que la législation change pour adopter de nouvelles méthodes de construction plus respectueuses de l’environnement.

Nuisances sonores, protection de la biodiversité… : le BTP se mobilise pour réduire ses externalités négatives

Cependant, la protection de l’environnement ne se limite pas à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est pourquoi le secteur de la construction s’est engagé depuis plusieurs années à réduire au maximum ses (nombreuses) externalités négatives, tant celles qui nuisent à la tranquillité des riverains que celles qui peuvent avoir un impact durable sur les écosystèmes. L’impact sur la biodiversité et les nuisances sonores sont des préoccupations sociétales majeures et la plupart des entreprises en font l’axe de leurs efforts sur leurs chantiers.

Le bruit est l’un des problèmes les plus étudiés par les entreprises de construction. Ce problème se pose notamment lorsqu’ils effectuent des travaux dans des zones denses ou sensibles, comme les centres-villes. La société d’ingénierie Ingérop s’est entourée de consultants en acoustique pour le projet des Halles à Paris. Le travail de ces acousticiens a consisté à produire des recommandations pour réduire les nuisances sonores engendrées par les travaux, par exemple en recommandant l’utilisation simultanée d’outils bruyants, ou l’installation d’un système d’alarme pour les camions dont les moteurs n’avaient pas été éteints. Par ailleurs, de plus en plus d’entreprises n’utilisent plus les « bips de marche arrière » des engins de chantier, particulièrement irritants pour les riverains et les opérateurs, et les ont remplacés par le « cri du lynx », qui a la particularité d’être quasiment inaudible en dehors du véhicule. axe de renversement.

Concernant la protection de la biodiversité, de nombreuses entreprises du secteur ont rejoint le Club U2B (Urbanisme, Bâtiment et Biodiversité) fondé par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Réunissant quatre fois par an l’ensemble de ses membres, le Club sensibilise à la biodiversité en ville, à l’artificialisation des sols et au danger des surfaces vitrées pour les oiseaux. La LPO conseille aussi parfois spécifiquement les entreprises du BTP en apportant des conseils techniques. Par exemple, Eiffage Aménagement a été accompagné par l’association de protection de la biodiversité dans la construction de l’écoquartier LaVallée à Châtenay-Malabry. Cet accompagnement personnalisé a consisté à dispenser des formations de sensibilisation aux équipes du constructeur, notamment sur l’intégration de la biodiversité dans les bâtiments.

Si ces changements de pratiques et d’attitudes écologiques sont les bienvenus, leur application dans la réalité par tous les acteurs d’un chantier est loin d’être évidente, surtout dans un secteur où la diversité des entreprises est si grande… Pourtant, ces nouvelles règles et normes RSE pourraient bien être facilitée dans leur application par l’évolution parallèle des méthodes de travail dans l’industrie de la construction.

Quand les entreprises s’associent pour répondre aux nouveaux enjeux du BTP

Les chantiers, les projets et les technologies devenant de plus en plus complexes, les acteurs du BTP sont amenés à diversifier leurs expertises et leurs métiers afin de proposer une offre plus complète.

Cette multiplication des métiers et des techniques a entraîné une recrudescence des groupements temporaires d’entreprises (GME), qui permettent à plusieurs entreprises de postuler conjointement à un même appel d’offres. Ces regroupements sont devenus la norme pour des projets très techniques et interdisciplinaires, comme les nombreux chantiers du Grand Paris Express (GPE), qui nécessitent tous des expertises diverses et où les délais sont encore plus compliqués à tenir.

En effet, l’un des avantages les plus évidents des consortiums est qu’ils facilitent la pratique de la co-activité comme méthode de réduction des délais. En faisant travailler simultanément plusieurs entreprises et sous-traitants d’un même groupe sur différents secteurs d’un même chantier, les entreprises de construction gagnent un temps précieux. « Le délai global des opérations [of the Grand Paris Express, editor’s note] a nécessité la mise en place d’une co-activité sur les sites actuels », explique Pascal Hamet, directeur de projet du lot 1 de la ligne 16 chez Eiffage Infrastructure. « Nous mettons les surfaces déjà réalisées par Eiffage Génie Civil à la disposition de prestataires extérieurs, dont certains sont issus d’autres agences Eiffage. En effet, lorsque l’entreprise dispose de compétences multiples, la coactivité est optimisée par l’habitude de travailler ensemble, ce qui permet notamment une prise de décision rapide face aux aléas. Cette approche des chantiers a déjà été expérimentée par le groupe français sur un autre projet majeur, la LGV Bretagne-Pays de la Loire, où Eiffage a pu orchestrer les travaux de ses équipes Génie Civil, Ferroviaire, Énergie et Filiales systèmes pour respecter les délais fixés par le maître d’ouvrage.

Cependant, comme mentionné ci-dessus, les consortiums présentent également d’autres avantages, moins immédiatement évidents. En effet, parce qu’ils regroupent une grande diversité d’entreprises (grands groupes, ETI, PME, etc.), les groupements facilitent également la mise en cohérence des règles, normes et standards environnementaux et sociaux. Cela permet de diffuser largement ces bonnes pratiques RSE auprès de toutes les entreprises impliquées, qui peuvent ensuite se les approprier et les appliquer rapidement à d’autres projets. Une façon d’irriguer toute la chaîne de valeur de la construction avec ces nouvelles méthodes répondant aux normes les plus exigeantes.

Ce thème vous a captivé vous adorerez pareillement ces publications :

Comme un Allemand en France.,(la couverture) .

Le temps des guépards : la guerre mondiale de la France, de 1961 à nos jours.,Ici .

Société, cultures et genres de vie dans la France moderne – Edition 1991.,Référence litéraire de cet ouvrage.